N’est-il pas venu le moment de faire un bilan ?
Vous le savez, si vous me lisez depuis longtemps, que j’aime bien faire des points d’étapes. Quoi de mieux que de se saisir de cette fin d’année 2021 pour vous en faire un ?
Ces dernières années, avec l’écriture de ce blog, je me suis fait le cadeau de prendre le temps d’exprimer, de dire, d’analyser (et parfois pas) les quelques épreuves que j’ai eu à traverser avec le VIH.
Évidemment au moment où j’ai commencé à raconter mon histoire, je ne l’ai pas vécu avec cette conscience-là, mais plus comme une urgence de m’extraire de l’oppression que m’imposait notre société et que je m’imposais à moi-même aussi évidemment. Je me suis sauvé la vie, et je pèse mes mots.
En trois ans, il s'en est passé des choses. De plus en plus de personnes prennent la parole pour se raconter, notamment sur les réseaux sociaux. Les expériences de vie avec le VIH sont toutes uniques et il est important à mon sens de rendre visible cette diversité.
Le projet que j’ai mené avec mon employeur pour sensibiliser à la sérophobie, entre autres dans le milieu professionnel, est un véritable accomplissement pour moi. Comme vous le savez, je l’avais déjà écrit dans un récit précédent, je n’ai jamais éprouvé de satisfaction à tenir le JOURNAL POSITIF, à me rendre visible. Cela s’est imposé à moi. Cependant, oui, ce projet avec les GLOBAL STEWARDS (initiative de Timberland) me remplit de fierté car il est le fruit d’un travail collectif de longs mois, et je crois vraiment avoir repoussé mes propres limites et celle de mon employeur en initiant ce sujet en interne (et à l’échelle européenne). Je ne sais pas s’il y aura une suite à cette introduction du VIH/SIDA avec Timberland, mais dans tous les cas une porte a été ouverte.
Autre projet, dont je serai probablement très fier quand il se concrétisera davantage : la sortie du livre, qui elle est prévue pour le dernier trimestre 2022. Avec celui-ci je réalise un rêve mais pas seulement. Je me suis battu pour lui. Je ne me suis pas arrêté aux refus, à ce fameux « Le VIH n’est plus à la mode ». Au contraire, tous ces NON m’ont donné l’énergie et l’obstination de ne pas lâcher. À titre personnel je suis challengé sur mon impatience avec la sortie du livre, mais c’est ce qui très certainement la rendra encore plus exceptionnelle.
Vous voyez, 2022 s’annonce pleine de surprises.
Je me questionne beaucoup sur la suite de mon action. Je constate que ce qui me stimule le plus aujourd’hui ce sont les collaborations, le partage avec les autres, les échanges passionnés, les réalisations et accomplissements de groupe. J'aimerais m’engager autrement.
Est-ce auprès d’une association ? Est-ce pour soutenir la lutte contre la sérophobie ?
Pas forcément : d’autres envies s’expriment aujourd’hui mais ce qui les lient toutes c’est qu’elles sont tournées vers les autres. Je vous tiendrai évidemment informé•e•s quand j’aurai trouvé mes réponses.
Le temps, donner de son temps, de mon temps. Le temps est précieux.
Lorsque j’étais en analyse (et oui c’est terminé pour le moment), j’avais pris conscience à quel point j’avais besoin de prendre le temps, et que l’on m’en accorde aussi. C’est même pour moi l’essentielle preuve d’amour que l’on peut offrir.
Je n’avais pas du tout réalisé cela avant que « le temps » s’impose dans mes rêves et que ma psy me dise tout simplement : « Ça signifie quoi pour vous ? Le temps ? ».
Aux vues de la puissance avec laquelle cette phrase m’a ébranlée à l’époque, je crois qu’il était temps, justement, de se poser la question.
Prendre du temps pour soi par exemple est devenu essentiel pour mon équilibre. Et je peux vous dire que j’ai lutté pour ça aussi. Mon départ de Paris en 2018 était guidé par ce besoin de me retrouver, et je ne pouvais le faire qu’en m’éloignant des tumultes de la capitale. Les confinements ont réussi à ancrer ce besoin dans ma routine.
Ensuite il y a le temps que l’on met à disposition pour les gens que l’on aime et cela a eu pour conséquence de faire du ménage dans mon entourage. Lorsque j’ai réalisé la valeur que je donnais au temps, je ne pouvais plus le gaspiller. Alors oui je me suis un peu retrouvé du jour au lendemain sans potes de soirées, mais je l’ai choisi donc tout va bien. Être cohérent : ça c’était la leçon de 2020.
2021 a été toute autre chose. Elle a commencé confiné avec le/la Covid, puis avec une séparation, pour finalement se retrouver, emménager ensemble à la campagne, s’unir par les liens sacrés du PACS… C’était une année où j’ai pu mettre en place tous les outils que j’avais pu découvrir en analyse, et puis surtout m’appliquer à être heureux : ENFIN.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’épreuves, mais elles ont été traversées sans perdre de plumes, sans me faire du mal, et ça c’est une victoire. J’irai même jusqu’à dire que ça donne confiance en soi et en l’avenir.
2022 sera forcément dans la continuité de cette dynamique et j’ai hâte. Après les traumas, et leur conscientisation, il y a eu une forme de repli sur soi, par protection évidemment. Le moment est venu de me rouvrir aux autres et mieux. C’est la meilleure façon je crois d’utiliser le temps qu’il me reste.
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